Aujourd’hui, faites table rase des codes visuels et entrez dans l’univers singulier de Harry Nuriev, fondateur de Crosby Studios, qui a pensé certaines des installations les plus radicales du moment – dont le branchéphémère Crosby Café à Paris.
Votre boulot, en deux mots ?
On me définit souvent comme designer ou architecte, mais je préfère le terme artiste, car il permet d’englober davantage de champs de création. J’ai toujours aimé explorer diverses disciplines, non pas parce que je me cherche créativement parlant, mais parce qu’elles m’inspirent toutes différemment. L’objectif de mon métier est de les relier ensemble.
Vos inspis ?
J’ai grandi à Stavropol, une toute petite ville du sud de la Russie. On n’avait ni musée ni moyen de se renseigner sur tel ou tel designer. Mais avec le recul, je pense que cette période a été l’une des plus inspirantes pour moi, dans le sens où l’absence d’influences artistiques m’a permis de développer mon propre ADN. Je pense qu’il est important de ne pas trop s’inspirer de créations ou démarches existantes. Je préfère convoquer le ressenti que j’avais à six ans, quand il m’était difficile de différencier une œuvre d’art d’un objet du quotidien. J’ai cette certitude que tout et rien à la fois peut avoir une place dans ce que nous considérons être le domaine de l’art. J’aime surprendre en révélant le beau dans l’insignifiant. C’est de cette démarche qu’est né mon lustre composé de stylos BIC, ou encore l’installation The Office.
Votre signature ?
La couleur est très importante dans mon travail. Et qui dit couleur, dit nature – elle a une place essentielle dans ma vie. Quand on s’arrête un instant sur nos vies urbaines, on se rend compte à quel point elles sont privées des couleurs de la nature. Mais ce n’est pas la seule caractéristique de mes créations : le travail de l’espace y est aussi très central.
Le projet sur lequel vous rêveriez de bosser ?
J’adorerais créer le décor d’un film ! J’aime beaucoup le cinéma et j’admire particulièrement les décors d’Almodóvar, la façon dont ses personnages portent les costumes, se comportent avec le mobilier… Je suis également un adepte de l’univers de Stanley Kubrick. Plus concrètement, on vient de déménager nos bureaux de New York à Paris afin de nous rapprocher de nos clients, de la mode notamment. On a hâte de voir ce que ce nouveau chapitre nous réserve !