Qu’est-ce que l’expression « cuisine inclusive » vous inspire ?
Une illusion ! Surtout durant mes premières années de cuisine, et notamment lors de mon premier poste de chef de partie à la sortie de l’école. Le sous-chef me touchait les fesses quasiment à tous les services et se justifiait toujours, quand je lui demandais fermement d’arrêter, en me disant : « Céline, je pensais que ça ne te faisait rien parce que, de toute manière, tu es homosexuelle. » Comme il devenait de plus en plus agressif, jai fini par le dénoncer au chef du restaurant et par démissionner… Suite à ça, j’ai soigneusement choisi les établissements dans lesquels j’ai travaillé, des endroits où les stéréotypes de genre étaient absents et l’égalité des représentations entre les hommes et les femmes naturelle.
Quels sont les modèles que vous avez eus pour faire votre métier ?
Yuri Maezumi, Delphine Zampetti, Sven Chartier, Tatiana Levha, Philippe Delacourcelle et Bertrand Grébaut. Des hommes et des femmes que j’ai rencontré.e.s tout au long de mon parcours. Des hommes et des femmes ouvert.e.s, tolérant.e.s, inspirant.e.s et super talentueux et talentueuses.
Est-ce que vous féminisez le nom de votre profession (cheffe, épicière, sommelière, etc.) ?
Pas toujours. Moi qui ne laisse passer aucune faute d’orthographe, c’est une erreur que je fais souvent. Je sais pourtant que le féminin de « chef » est officialisé depuis 1999 (ndlr : le féminin “une chef” fut reconnu sous Jospin, mais l’Académie n’a concédé l’usage de “cheffe” qu’en février dernier – et du bout des lèvres…) – mais c’est inexplicable, parfois oui, parfois non. Peut-être le poids de la domination masculine ?
Comment les femmes peuvent-elles s’entraider ? Est-ce nécessaire ?
Oui. En partageant les expériences. Il faut libérer la parole.
Propos recueillis par Iris Brey