Cheffes de bande

Epicières en colère

Les client·e·s qui pensent que Camille Le Van et Delphine Ménard jouent à la marchande derrière leur caisse se trompent lourdement ! Leur quotidien consiste plutôt à porter des caisses de légumes et à sillonner les alentours de Marseille en camion pour trouver les meilleurs produits et les vendre au juste prix.

  • Date de publication
  • par
    Iris Brey
  • partager

© Martin Bruno

Pourquoi avoir ouvert une épicerie ?

Camille : J’ai rencontré Delphine dans une association qui sensibilisait les gens aux questions environnementales. Le social a toujours fait partie de notre vie et l’épicerie est une prolongation de nos engagements.

Delphine : On avait envie de soutenir l’agriculture paysanne locale. Pour s’entraider, on a formé un réseau d’épiceries, dont trois sur quatre sont tenues par des filles. Il y a d’ailleurs de plus en plus d’agricultrices. En trois ans, les métiers liés à la terre se sont féminisés.

Quel rôle social jouez-vous dans le quartier ?

Camille : L’idée est de rassembler, de collaborer avec des personnes qui sont parfois exclues ou qui ont du mal à trouver du travail. C’est pour cette raison que l’on embauche des personnes issues des minorités ou en situation de handicap. C’est une vision globale qui nous anime. On n’est pas seulement des primeurs, on a un rôle à jouer. On donne nos légumes invendus au Carillon et, avec ces produits, une fois par mois, des SDF préparent des repas pour les gens du quartier. Ça crée du lien social. Pas besoin d’être un.e grand.e chef.fe pour cuisiner pour les autres.

Delphine : On revendique une approche plus complète, dans laquelle on réfléchit à tous les maillons de la chaîne. Notre rôle au quotidien, c’est de faire prendre conscience à nos client.e.s qu’il est très important d’acheter des produits locaux.

Comment faire bouger les lignes ?

Delphine :On essaye de créer un cercle vertueux qui lie l’écologie, l’économie et le social. On ne sera jamais riches, ça c’est sûr ! On veut changer de paradigme, être justes dans nos prix, que tout le monde soit payé correctement, sans négocier les tarifs avec les producteurs et productrices.

Camille : Et on ne travaillera jamais avec quelqu’un qui traite mal ses employé.e.s… ou même ses légumes !

***

Pour renforcer les liens sociaux, Camille et Delphine, épicières engagées,pratiquent l’inclusivisme au quotidien. Comme elles, revalorisons la place des femmes par l’entraide et le soutien aux productrices locales.

Retrouvez-les dans la rubrique Cheffes de bande, où des femmes nous racontent comment s’imposer dans des milieux historiquement masculins.

  • partager
Le guide Fooding 2024
est sorti !

Restaurants, bars, caves, commerces, chambres : les 400 adresses qui vont faire 2024 partout en France sont à retrouver dans cette édition inédite. Avec ça ? Un palmarès de 16 spots pas-vus-partout, et 9 articles mag qui décortiquent l’imagerie de la food contemporaine.

Disponible en kiosque, dans toutes les (bonnes) librairies et sur notre e-shop.

Couverture du guide 2021.
JE LE VEUX !
À propos

Le Fooding est un guide indépendant de restaurants, chambres, bars, caves et commerces qui font et défont le « goût de l’époque ». Mais pas que ! C’est aussi un magazine où food et société s’installent à la même table, des événements gastronokifs, une agence événementielle, consulting et contenus qui a plus d’un tour dans son sac de courses… Et après l’Hexagone, la Belgique est le nouveau terrain de jeu du guide Fooding !

Fooding® est une marque déposée.