Cheffes de bande

Fruits de sa passion

Depuis 2017, Myriam Sabet, pâtissière et entrepreneuse franco-syrienne, régale les palais aventuriers avec les créations « surprenantes, inédites et délicates » de sa Maison Aleph. Bigarade, mastic, nigelle, pistache… Elle travaille textures et saveurs pour des recettes qui combinent traditions levantine et française.

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  • par
    Nora Bouazzouni
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Votre premier souvenir de pâtisserie ?
Enfant, j’ouvrais les boîtes de pâtisseries que mes parents achetaient pour les invité.e.s, je sortais les gâteaux pour racler, avec un couteau, les cheveux d’ange croustillants à la base des gâteaux, puis je les remettais dans la boîte ni vue ni connue ! Je me souviens aussi des meringues que m’achetait ma mère en rentrant de l’école. A la maison, je n’en « faisais » pas, mais j’imaginais beaucoup : je lisais en cachette les livres de pâtisserie de ma mère en essayant d’imaginer les goûts et les parfums que ça pouvait avoir ! La pâtisserie, c’est mon deuxième langage, peut-être même mon premier.

Vous avez quitté la finance pour ouvrir Maison Aleph en 2017, pourquoi ?
Quand je suis retournée au boulot après la naissance de ma fille, il y a huit ans, je n’y ai plus trouvé mon leitmotiv. Aujourd’hui, je bosse deux fois plus qu’avant et j’ai cinq fois moins de vacances, mais je suis très heureuse et épanouie. Ce qui me motive le plus, c’est l’émotion qu’on suscite. Quand je suis en boutique, j’ai la chair de poule à chaque fois qu’un.e client.e me décrit ce qu’il.elle a ressenti en mangeant nos pâtisseries, les souvenirs qui sont remontés en partageant un gâteau avec son entourage… J’en ai les larmes aux yeux, c’est des doses d’amour !

Vous avez souffert du sexisme dans ce nouveau métier ?
Il y a eu des remarques, c’est sûr. Un fournisseur est entré dans mon labo un jour où il n’y avait que des femmes. Il a demandé « Bah, où sont les hommes ? » et je lui ai répondu « A la maison, avec les enfants » ! Mais je viens de la finance, donc, en salle de marché avec les traders, c’était déjà… De toute manière, le sexisme est partout, peu importe le métier, le niveau d’études ou l’âge. Mais je ne suis pas sûre qu’un métier vous « transforme » en quelqu’un de sexiste, misogyne ou violent. Je crois que c’est une question d’éducation. Comme on apprend aux enfants à tenir une fourchette et un couteau, on devrait leur apprendre à traiter les autres avec respect et dignité.

Vous pensez que les femmes de l’industrie manquent de réseaux féminins ?
Je crois surtout qu’il faut davantage de femmes dans les réseaux dominants. Une initiative comme le programme Bold Woman Dinner, de la maison Veuve Clicquot, est intéressant car il permet à la fois de valoriser des femmes et les faire se rencontrer. Les réseaux féminins peuvent certainement en aider beaucoup qui n’oseraient pas autrement, mais c’est en travaillant avec les hommes, qui ne doivent plus tirer la couverture à eux, qu’on pourra gagner du terrain et s’entraider de manière efficace.

Les pâtissières restent moins médiatisées que les pâtissiers…
Pourtant, chaque année dans les écoles, la proportion de filles en pâtisserie augmente ! Je pense que c’est une question de temps, il faut laisser émerger ces nouveaux talents. Mais les médias doivent aussi faire leur travail de recherche et accorder aux femmes la même visibilité qu’aux hommes.

Propos recueillis par Nora Bouazzouni

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION

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