Cheffes de bande

La miche rebelle

Changer de vie, c’est parfois simple comme du bon pain ! Victoria Effantin et Cécile Khayat ne trouvaient pas la boulangerie de leurs rêves. Alors, elles ont tout plaqué pour créer Mamiche, une boulange de quartier devenue la meilleure habitude matinale des Parisien.ne.s.

  • Date de publication
  • par
    Iris Brey
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© Martin Bruno

Pourquoi c’est si cool mamiche ?

Victoria : C’est terrible à dire, mais ici, tout est fait maison, ce qui n’est pas le cas dans la majorité des boulangeries à Paris. Pour le frais, on utilise les produits locaux sourcés par Terroirs d’Avenir : jambon Prince de Paris, beurre AOP Charentes- Poitou…On ne prend pas toutes les graines en bio pour que notre pain reste accessible. Notre tradition, par exemple, est à 1 €. On préfère faire moins de marge mais plus de quantité. On est une boulangerie de quartier, pas un truc de hipster !

Cécile : On a été très attentives au recrutement. La moyenne d’âge de l’équipe est de 30 ans. On est tous super proches et l’ambiance est détendue. Si, en entretien d’embauche, on me dit : « Mon idole, c’est Cédric Grolet », je sais que ça ne va pas matcher. On ne veut pas faire du haut de gamme. On ne recrute que des gourmands !

Vous êtes quel genre de filles au boulot ?

Victoria : On essaye de ne pas jouer aux patronnes. On ne donne pas vraiment d’ordres, on partage les chiffres chaque jour avec les membres de l’équipe… Ils sont eux-mêmes entrepreneurs au sein de la boulangerie, ce sont des intrapreneurs. On essaye aussi d’être dans une démarche sociale en faisant un partenariat avec l’association Le Carillon, qui aide des personnes du quartier. On leur donne les invendus de la journée sur présentation d’un bon.

Cécile : Avec Victoria, on est deux bosseuses, deux fortes personnalités, deux nanas. On a embauché deux femmes au début et on était très solidaires parce que c’est un métier extrêmement physique. En boulangerie, il y a beaucoup de femmes vendeuses mais moins d’entrepreneuses, et peu ont passé leur CAP… En soirée, quand je dis que je suis boulangère, ça fait sourire !

Boulangère, c’est compliqué ?

Victoria : Au début, on avait peu de crédibilité. Ce sont des meuniers qui nous ont épaulées, et un boulanger de La Tour d’Argent. Aujourd’hui, plein de jeunes femmes nous envoient des messages pour savoir comment on a réussi.

Cécile : Les femmes sont parfois dures avec nous. Au début, on a fait des blagues potaches sur nos « miches » qui ont été mal comprises. On pensait d’abord à la qualité des produits, au bien-être de notre équipe, moins au fait qu’en étant deux jeunes femmes, notre travail pouvait avoir une portée symbolique.

***

Comme Victoria et Cécile, boulangères rebelles, de nombreuses femmes s’entraident pour favoriser l’entrepreneuriat féminin.

Retrouvez-les dans la rubrique Cheffes de bande, où des femmes nous racontent comment s’imposer dans des milieux historiquement masculins.

Propos recueillis par Iris Brey

Photo : Martin Bruno

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