En 2024, c’est in : les cartes de vœux papier, cuisiner ses déjeuners, dire non aux fausses obligations, adopter un réveil à l’ancienne, la vraie sauce César (sans poulet, avec des anchois), effacer les e-mails auxquels on ne répondra jamais, faire un dry. En 2024, c’est out : souhaiter la bonne année à chaque personne qu’on croise jusqu’au 31 janvier, manger devant son ordinateur, dire oui pour faire plaisir, se réveiller avec l’horoscope de Rob Brezsny, la vinaigrette au balsamique, les messages pros sur Insta, parler de son dry. Définitivement out : être sur X, le plus-si-nouveau-voire-presque-mort Twitter.
Nous, en tout cas, on se déconnecte. Le Fooding débranche sa prise d’une plateforme rejointe en mars 2009 – la même année que Le Monde, dites donc. Notre ambition, alors, était de créer un fil info de la food en France, d’y partager les actualités (vérifiées) qui faisaient le goût de l’époque, glanées à travers la planète. C’était assez génial : comme un média en 140 caractères, à la force de frappe puissante et à l’esprit de communauté décuplé – une invention télégraphique, un peu magique, dont la concision faisait le chic.
Avec le rachat de Twitter par Elon Musk et son bulldozer X Corp. en 2022, l’oiseau bleu, déjà bien déplumé par des années de brouhaha, a disparu. Le réseau social devient X, une créature qui annonce défendre la liberté d’expression, mais qui campe dur sur ses pattes et positions. Résultat, la modération y est inexistante et l’ambiance délétère, voire carrément toxique. Les tentatives passées d’inclusivité y sont brimées, effacées. La défiance envers les médias plus injuste que jamais. La parole n’y est plus librement diffusée que pour celles et ceux qui ont les moyens de sponsoriser leur compte et de passer en « certifié » – une manière bien éloquente de confondre argent et autorité. Théories du complot, appels à la haine, phobies en tous genres, harcèlement débridé… Sans garde-fous ni fact-checking, on assiste derrière notre écran à l’expression d’une société flippante, « un vaste égout mondial » comme l’appelle la chercheuse Marie Peltier, où thune et obscurantisme s’alimentent. Ou s’entre-dévorent, au choix.
Et parce qu’on a le choix, justement, parce que X représente aujourd’hui un environnement totalement incompatible avec nos valeurs, parce qu’on est convaincu·e·s que tout est politique, et pas seulement l’alimentation, on quitte la plateforme. Plus de 34 000 comptes nous y suivent, et c’est autant d’opportunités d’échanges ratées, à cause d’une plateforme qui l’est devenue. À ces utilisateur·rice·s, on voulait tout de même dire merci. Mais aujourd’hui, l’endroit privilégié pour nous lire et nous laisser vous guider vers les meilleures adresses et à travers l’actualité de la food, c’est sur lefooding.com et dans notre newsletter. Et puis, même si rien n’y est jamais vraiment parfait, on pourra toujours se liker sur Instagram, Facebook et LinkedIn.
(X)O(X)O,
Le Bureau du Fooding