La plus gastricole : Le Tracteur (photo)
Le tracteur – un Massey Ferguson rouge de 1959 – a suivi le déménagement de ses proprios, installés depuis le printemps 2013 dans un bâtiment agricole reconverti en table néo-paysanne doublée d’une terrasse ombragée. Depuis sa cuisine ouverte, Numa Testud envoie du goûtu de saison, bien ficelé de bout en bout : asperges tièdes gribiche, lard de Bigorre et chapelure de noix ; acras piquillos et roquette ; épaule d’agneau fondante, patate douce, courge, pousses d’épinards et citron confit ; raie poêlée, pommes de terre écrasées, radis et pomelos ; et, pour finir, poire au caramel et mascarpone ou crumble aux pommes et glace gingembre minute. Autant de gourmandises bien servies par de beaux pinards dʼauteur… Bref, un havre de plaisirs, où l’on surveillera les expositions à venir et les prochains Casseroles Circus, quand Numa reçoit ses po-potes de Paris, Stockholm et Brooklyn, pour « bœufer »….
La plus secrète : L’Estaca
Une rue goudronnée de village des Albères et un portail ouvrant sur un jardin en bataille : palmier géant, plantes grasses, filet pour protéger des chutes de pommes de pin… On sonne à la porte, et Isabelle (qui n’ouvre qu’en saison et quand bon lui semble) vous accueille sans façons autour de toiles cirées sous des ombres centenaires. Avec les bouteilles de vin de son ex, Jean-François Nicq, l’homme des Foulards Rouges, mais aussi quelques salades de saison, assiettes de charcute (Paré à Fourques) et plats du jour. Au choix ce midi-là : lentilles et saucisse catalane ; patates, anchois et chorizo ; filet mignon de porc à la plancha et escalivade personnalisée ; faisselle de chèvre au miel… Tout est bon, super frais, et s’arrose à prix cadeau/caveau.
La plus canal historique : Bistrot Constant
En bon fils du pays, Christian Constant a installé son cinquième établissement dans la Maison de l’Eclusier sur les bords du canal des Deux-Mers. Joliment décoré (cuisine vitrée, table d’hôte, moleskine crème…) et remarquablement approvisionné (cochon Ospital, agneau Axuria, volailles des Landes…), le Bistrot reprend les classiques du daron de la bistronomie : tartare huîtres-bar-saumon ; œuf mollet pané et frit, sauce liée au vin rouge ; capiteuse volaille de Dublanc à Magescq, contisée au beurre d’herbes et cuite à la broche ; délicieuse tarte au chocolat, crème au mascarpone et caramel et vanille. Pour arroser, rien de tel que de bons petits jus locaux, cahors ou fronton. Mais encore ? Des petit déj’, des casse-croûte à toute heure et des pâtisseries au goûter.
La plus glou : L’Herbe Rouge
A l’écart du circuit des châteaux de la Loire mais à la croisée des circuits courts de bons produits, Cécile cuisine maxi-fraîcheur dans son auberge de campagne à lampions au bord de la rivière, et à cheminée crépitante pour l’hiver. Au bonheur des tablées d’habitués et de cyclotouristes en phase de réhydratation, défilent salade de paleron sur lit d’herbes, juteuse terrine de campagne aux cerises, pluma doucement rissolée au pesto vert, faisselle de la ferme voisine et miel au safran… à prix populaires. Compagne du bio vigneron Thierry Puzelat, la patronne présente un casting de héros ligériens liquides tout aussi épatants : Lemasson, Tessier, Villemade, Courtois, Noëlla Morantin… Le soir, dînette rime souvent avec guinguette, au piano ou à l’accordéon.
La plus nouvelle vague : La Passerelle
La bande du Perchoir de Ménilmontant s’est posée sur un gros bateau amarré à Boulogne. En haut de la passerelle d’embarquement, la fine équipe compose une atmosphère quasi conradienne en mariant palmes, bambous et loupiotes aux eaux vertes et aux grands arbres sombres de l’île Saint-Germain… A cela près qu’ici, à l’heure des ténèbres, tout devient joyeux : les cocktails qui cling-clinguent, les pots de fleurs qui chantent, la tour Eiffel qui clignote, les barbecues qui fument et les mixed grills ultra-copieux qui n’en finissent plus : épaule d’agneau, poitrine de veau, filet mignon, avec mayo épicée, chimichurri, grande salade et bonnes chips-frites. Avec un rosé de Corse bien frais, la soirée dérive toute seule…