Pourquoi as-tu choisi le quartier de Noailles ?
Nous sommes plusieurs filles à avoir choisi ce quartier. Julia Sammut y tient l’Epicerie L’Idéal, Laura Vidal et Julia Mitton y ont ouvert le restaurant La Mercerie. Ce quartier est une fourmilière. Ça sent les épices, ça se mélange… J’aimerais que mon restaurant représente ce mix de cultures, de genres, de milieux sociaux. Je veux faire de Yima un lieu accessible en appliquant des prix raisonnables pour les gens du quartier. C’est essentiel de prendre en considération son environnement.
Quelle est l’histoire derrière Yima ?
C’est le mélange de l’arabe yema et de l’hébreu ima, deux mots qui signifient « maman ». Mon amour pour la cuisine vient de ma mère et de ma grand-mère juives. Je m’inspire de certains chefs hommes mais, la cuisine, ce sont des femmes qui me l’ont transmise et j’ai envie de prolonger cela. J’aimerais travailler avec une femme d’une culture orientale différente de la mienne, et associer nos savoir-faire pour obtenir un truc cool. J’aime la complémentarité, la mixité. Je n’ai pas envie d’ouvrir un restaurant girly mais féminin et sensible, qui toucherait aussi les hommes, avec une cuisine saine qui met à l’honneur les légumes sans sacrifier la gourmandise.
La cuisine est-elle toujours aussi sexiste ?
C’est un milieu masculin et hiérarchisé, mais j’ai eu des déconvenues avec des femmes comme avec des hommes. Avec l’arrivée de cette jeune génération, je suis sûre qu’on va trouver un nouvel équilibre. Dans dix ans, on n’aura pas la même conversation. Nous sommes de plus en plus nombreuses : la relève des jeunes cuisinières va faire bouger les choses !
***
Si la gastronomie demeure une discipline très, trop, courtisée par les hommes, la cuisine, elle, se transmet souvent de femme en femme. Une vérité méconnue qu’Ella, 28 ans, et toute une génération de jeunes cheffes semblent déterminées à proclamer !
Retrouvez-les dans la rubrique Cheffes de bande, où des femmes nous racontent comment s’imposer dans des milieux historiquement masculins.
*Propos recueillis par Iris Brey au mois de Septembre, avant les dramatiques effondrements d’immeubles dans le quartier de Noailles