C’est à l’initiative de Stéphanie Bialobos, la psychologue du foyer départemental de Sucy-en-Brie, que le projet « Mieux manger pour se restaurer » a vu le jour. De récentes coupes budgétaires avaient supprimé la cuisine de l’établissement, au profit d’opérateurs externes. Elle en est pourtant persuadée : « L’une des étapes de la “guérison” de ces enfants, c’est de bien manger ! » Un sujet qui touche particulièrement Anna Samaha, cheffe de projet événementiel au Fooding, depuis qu’elle est devenue maman : « J’ai eu une révélation sur le manque de place qu’on accorde aux enfants dans notre société. Mon combat féministe est enfantiste, c’est pour cela que je milite au quotidien. »
Alors, en avril 2024, notre collègue prend son téléphone et convainc sans peine le chef de Frenchie, Grégory Marchand, de venir au foyer pour y mitonner un vrai festin avec les enfants : minestrone aux légumes de printemps ; poulet et riz pilaf ; et cookies pour le goûter. « Étant moi-même orphelin, j’ai grandi dans un foyer, où je suis resté de mes 12 ans à la majorité. Participer à ce projet était une évidence », raconte celui qui a remis une seconde fois le couvert au foyer depuis. L’autre assidu de ces rencontres, c’est le chef de Racines, Simone Tondo. Après avoir déjà mis trois fois la table avec ces kids, il aimerait désormais les inviter dans son restaurant : « C’est eux qui m’ont donné envie de revenir, de partager ces instants, de cuisiner ensemble. À chaque fois, c’est difficile de quitter le foyer. »
Explorer une autre alimentation, faire naître des vocations
Les enfants placés au foyer départemental de Sucy-en-Brie, qui héberge aussi une pouponnière, ont entre 0 et 8 ans. Pour certain·es, ce qu’ils y goûtent est leur seule expérience de l’alimentation. « Dans ces établissements, le choix des produits peut être limité. Mais les sensibiliser aux choses qui ont du goût et bonnes pour la santé, c’est fondamental pour leur futur », revendique le cuisinier volant Bastien de Changy, qui a également participé à un atelier – tout comme le chef privé Sokunthear « Sok » Vong ainsi que le fondateur du Rigmarole, de Folderol et d’Oobatz, Robert Compagnon.
Non sans une certaine dose de gourmandise dans leurs menus, préparant aussi bien des lasagnes et pizzette qu’un gâteau aux Smarties et caramel. « Les enfants ont juste besoin de relationnel, et de kiffer leurs repas. Ils sont très contents d’avoir des missions, comme certains, qui se prennent d’amour pour le service ! » explique Anna Samaha. « Ils adorent aider les chefs, chiper des Smarties dans les bols et s’asseoir à table tous ensemble. Cette initiative, elle nourrit les valeurs portées par le Fooding, loin de toute ambition de profit. On met notre passion, notre réseau et notre savoir-faire au service de quelque chose de beau et de bon, c’est une chance de pouvoir faire ça dans notre travail ! »
Et notre cheffe de projet de faire passer un petit message : « Si vous êtes un ou une chef·fe, et que vous voulez donner quatre heures de votre temps pour les enfants du foyer de Sucy-en-Brie, contactez-nous ! » Le chef Simone Tondo l’assure : « En vingt ans de carrière, c’est la meilleure chose que j’ai faite ! »
Entre le chef de Racines Simone Tondo (à droite) et Jules Noirault du Fooding (à gauche), qui porte le mieux la charlotte ?
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Comment se mettre un kid dans la poche ? En lui montrant comment préparer des pizzas !
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L'œuvre…
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… et le modèle ! Robert Compagnon (Le Rigmarole, Folderol, Oobatz) anime un atelier glaces et coloriage.
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