Cheffes de bande

Mère pâtissière

Géniale autodidacte formée chez Yam’Tcha, la pâtissière Moko Hirayama régale Paris de ses cookies et autres délices à l’enseigne du tout nouveau Mokoloco, comme de Mokonuts (Fooding d’amour Guide 2017), cantine de jour aussi cute que culte, qu’elle mitonne avec son mari Omar Koreitem.

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    Nora Bouazzouni
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© Agathe Hernandez

Qui cuisinait dans votre famille ?
Ma mère faisait à manger au quotidien, c’est une incroyable cuisinière ! Je suis née au Japon, mais on a très vite déménagé à San Francisco où les influences culinaires sont beaucoup plus variées, avec beaucoup de cuisine chinoise par exemple. Donc elle ne faisait pas forcément des plats japonais, elle cuisinait à sa façon. Mon père cuisinait aussi, il pouvait décider de préparer quelque chose de spécial pour la famille et passer la journée en cuisine.

Petite, vous vouliez déjà faire ce métier ?
Ça a toujours été une passion, mais je voulais d’abord devenir institutrice ou fleuriste. Ensuite, j’ai voulu m’engager dans le développement durable, puis j’ai fini par faire du droit et devenir avocate à New York. À 36 ans, j’avais un boulot bien payé, une vie stable… mais je n’étais pas vraiment épanouie. J’avais toujours cette passion pour la cuisine et la pâtisserie, et j’en avais marre de ne pas pouvoir faire goûter mes gâteaux aux autres ! Alors, comme je ne voulais pas avoir de regrets, même si c’était un gros risque puisque j’étais déjà âgée, Omar et moi avons déménagé à Paris.

Les pâtissiers les plus médiatisés sont des hommes, mais « faire des gâteaux » est encore vu comme un « truc de bonne femme »…
Oui, à l’image de la gastronomie d’une manière générale : la cuisine de la maison, c’est pour les femmes, et tout ce qui est technique ou sophistiqué revient aux hommes ! Pour ma part, je n’ai jamais pensé la pâtisserie comme quelque chose de féminin ou masculin. Après, je ne me définis pas comme « pâtissière », je préfère le mot « baker », quelqu’un qui fait cuire des choses, c’est plus généraliste. Je ne fais pas de sucreries sophistiquées, de belles choses comme chez Pierre Hermé, je fais des gâteaux avec des herbes, des fruits…

Pourquoi Mokonuts n’est ouvert que la journée en semaine ?
C’est un métier très dur quand on a des enfants, il est difficile de trouver un équilibre. Même si l’on fait des efforts, je pense qu’ils souffrent de notre rythme. Nos enfants ont toujours été notre priorité, donc on a fait ce choix-là. On pourrait ouvrir le soir et le week-end pour faire plus de chiffre, mais on ne veut pas embaucher quelqu’un pour les garder. Je veux qu’on dîne ensemble, qu’on fasse les devoirs ensemble, les coucher… Ma mère, elle a dû quitter son boulot pour s’occuper de ses enfants. Aujourd’hui, c’est quand même plus simple pour notre génération. Cela dit, il y a toujours des personnes qui veulent vous imposer leur point de vue, ce qui peut être intimidant.

Diriez-vous que les pères chefs sont plus impliqués qu’avant dans l’éducation des enfants ?
Avec la nouvelle génération il y a une volonté globale de se partager plus équitablement les choses. En revanche, je crois que ça a touché le milieu de la restauration un peu plus tardivement qu’ailleurs. Quand on a ouvert Mokonuts, c’était l’un des seuls restaurants fermés les samedi et dimanche, et on était critiqués pour cela. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de couples qui font ce choix pour leurs enfants, ça me fait plaisir ! Ce n’est pas parce qu’on travaille dans la restauration qu’on doit se donner plus que les autres.

Propos recueillis par Nora Bouazzouni

Crédits photo : Agathe Hernandez

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