Vous êtes plutôt « barmaid » ou « barman » ?
On dit toujours « barman », car on n’aime pas trop la connotation de « barmaid » : « maid » renvoie à « serveuse », alors que « barman » désigne la personne derrière le bar.
Qu’est-ce qui différencie Kouto des autres bars à cocktails ?
On voulait ouvrir un bar de quartier où proposer des choses assez simples sur le papier, pour que nos client.e.s n’aient pas peur de commander… Parfois les gens sont perdus devant des cartes de cocktails remplies d’ingrédients qu’ils ne connaissent pas, et se sentent bêtes. On a donc choisi de mettre en avant le goût des cocktails (acide, amer, fruité…) sans préciser leur composition qui, elle, peut être évidemment complexe. On souhaite que les gens vivent l’expérience de manière sereine. Pour nous, une bonne expérience client dépend à 70 % du relationnel et à 30 % du cocktail.
Vous entendez encore des gens dire que tel alcool est « masculin » ou « féminin » ?
On l’entend même chez les commerciaux, mais ça reste un langage courant, il n’y a pas forcément d’arrière-pensée. Cela dit, on rencontre encore des hommes qui, lorsqu’on leur présente un verre à Martini, trouvent que ça fait « efféminé ». Alors on leur réplique : « Mais vous pensez qu’il les boit dans quoi, James Bond, ses Martini ? » On préfère répondre à ce genre de remarque avec humour, c’est plus efficace que de faire la morale. Mais il est vrai que les femmes se mettent parfois des barrières en pensant que certains alcools ne sont pas faits pour elles. On prend donc un malin plaisir à mettre des alcools puissants dans des easy drinks, des cocktails très frais et pleins de peps, pour qu’elles réalisent qu’un cocktail à base de cognac ou de whisky peut être délicat. On n’est pas dans Mad Men !
Les gens sont-ils surpris de voir deux femmes derrière le bar ?
Les hommes autant que les femmes, mais on reçoit plutôt des remarques positives ! On voit notamment des femmes qui entendent parler de Kouto et font la démarche de venir pour nous soutenir, une sorte de sororité qui fait plaisir ! Le fait que l’on soit deux femmes, on espère que ça rend le bar un peu spécial.
De quelle manière ?
On l’a aussi conçu comme un « safe space ». En tant que couple de femmes, on souhaite que les couples gays puissent venir chez nous sans être dévisagés, et que les nanas sachent qu’elles vont pouvoir passer une soirée tranquille sans remarque déplacée. On a aussi voulu une déco très cosy, comme à la maison, qui correspond à nos personnalités.
Avez-vous déjà subi du sexisme ou des discriminations dans ce milieu ?
On a la chance d’évoluer dans un milieu assez jeune, donc non, pas ouvertement. Ce qui nous agace, c’est plutôt la représentation des femmes dans les jurys de concours. On est nombreuses à travailler dans des bars, donc on aimerait bien être un peu plus mises en avant. Cela dit, si tu gagnes un concours où il n’y a que des hommes en finale, tu prends un malin plaisir à savourer ! Mais ça reste bon enfant. En cuisine, les choses ont l’air plus compliquées… Mais comme les générations se renouvellent, la parole est plus libre qu’avant : on va davantage s’affirmer et dire ce que l’on pense sans avoir forcément à s’imposer de manière violente.