Après avoir enfilé les projets éphémères (grillades champêtres dans un verger, table d’hôte perchée dans un vieux colombier, virées gustatives sur une péniche amarrée sur la Meuse) comme d’autres collectionnent les perles, les Cinacien·nes glouton·nes Noé Pellet et Elisa Roland (aka Lili) reposent désormais leurs râteliers dans une maison familiale ouverte sur le vallon de Gesves. Pas de confusion si vous voyez double : d’un côté, l’Atelier Beauregard, un cabinet d’ophtalmo stylé pour Lili, de l’autre, un micro-bistrot chiné avec goût. Chacun son monde ? Oui, mais non. Une fois ses binocles rangées, Lili traverse le mur comme si de rien n’était, pour rejoindre l’antre de Noé, surimposant le naturel de son accueil à celui d’assiettes au sourcing exemplaire (bidoche en direct de chez Samuel Fouilliard dans l’Aisne, fromages affinés par Antoine Stoffel alias Maître Corbeau…), à la sélection des vins et à la bonne humeur de Pinot, petit teckel traversant la salle d’un pas de sénateur. Ce soir-là : éclatante sériole rôtie à la plancha, caressée d’une nuageuse mousse de riz blanc et bâtonnée par un shiso tranchant ; rib eye tendre à souhait, embarqué par un sabayon d’estragon au bord du délire ; et, en dessert, irrésistible fusion de chocolat Manjari, d’huile d’olive et de sel. Le tout à boulotter dans un endroit décomplexé, plutôt rare de ce côté-là du plat pays – pas étonnant que les réservations affichent « complet » des semaines à l’avance ! // Frans Simoens
POUR LA SOIF ? Pas de carte figée, mais un alignement de flacons qu’on commande souvent au verre : rouge Dionysos is on Fire de Géraud Fromont dans le Jura (7,50 € le verre), pet’ nat’ roannais de Robert Sérol (8 €)… Sinon, une bière XX-Bitter De Ranke (4 €) ou un Paola Cola liégeois sans conservateurs produit par la Brasserie (C) (3,50 €).
LES PRIX : grignotages 9-16 €, entrées 19-24 €, plats 20-36 €, fromages 16 €, desserts 11-12 €.
Enregistrez cette adresse dans l’app du Fooding, disponible sur iOS !