D’une chaumière familiale enfouie dans les bois, Alexandre Gauthier a fait un éden collapso-chic signé par l’archi Patrick Bouchain : chambres d’hôte aux allures de huttes, jardins totémisés d’œuvres d’art, et yourte géante mêlant câblages, cuir et verrières, où se faire sérieusement marabouter par le plus chamanique des chefs étoilés. Dans notre menu déj’ ce jour-là, après un apéro post-moderniste installé·es au jardin sur un rondin de bouleau : onctueuse chair de tourteau dans un blini à la farine de riz et au lait entier ; capsules de courgette crue fouettées par un crudo de bar, basilic du potager et œufs de lump ultra-iodés ; essence de poulet rôti capturée dans une prodigieuse bille nacrée ; verrine de carotte vinaigrée façon « fond de saladier » ; radis rose en carpaccio mouillé dans une infusion de maquereau poivré ; pois mange-tout croquants relevés d’un bouillon fermenté-fumé, et flanqués d’un coussin au stilton ; étonnant feuilleté givré à la fraise et à l’oseille ; lotte saumurée, séchée, et saucée au beurre de cuisson, escortée d’une déclinaison de quartiers de pèche (saumurés, brûlés, et déshydratés) et d’un bulot XXL déstructuré ; gigot d’agneau rosé, bien accompagné de diaboliques gnocchis citronnés et de haricots beurre hachés, sans compter la petite brioche maison pour saucer le jus de cuisson ; rayon de miel béton servi au couteau, à déguster à même la cire d’abeille avec du citron… Avant une sculpturale table sucrée : tortillade de chocolat grand cru du Venezuela, accompagnée d’une crème d’amandes amères et de vinaigre cristal ; étonnante timbale de chèvre glacée ; rocher de laurier à saucer dans une faisselle à l’huile verte ; soupe d’herbes grasse lactée coiffée de feuilles d’oxalis ; billes de rhubarbe bluffantes de technicité… // Marcelle Claudepierre
POUR LA SOIF ? De beaux accords mets-vins (85 € les 4 verres le midi, 105 € les 5 verres le soir), avec notamment un saumur 2020 du Domaine Guiberteau, un kaefferkopf Amour Schwihr 2017 du Domaine Binner, et un vin du Languedoc Chapelle de Bébian 2020. À moins de préférer taper dans une carte de plus de 500 références naturopathes, où piocher notamment un bourgogne hautes-côtes-de-nuits Marine 2019 d’Anne Gros (78 € le flacon), ou carrément un meursault Criots 2019 de Pierre Boisson (190 €). Sans oublier l’hydromel mis en bouteille par Histoire d’Abeille pour la Grenouillère, servi carafé avec la table sucrée. Une petite folie.
LES PRIX : menus 185 € (9 temps ; midi), 265 € (11 temps ; soir).
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