Assez joué la nouille ! Masafumi Nomoto va au charbon dans son régalant Kunitoraya, délaissant les udon pour excaver du filon nippon les yakitori – soit de la volaille grillée sur bâton, du pilon au croupion. Du fond de sa galerie lookée Belle Époque (faïence métro, tables enchênées, miroirs à foison), le maître empile les tronçons de poulet fermier pour mieux les braiser au binchotan, le fameux barbeuc japonais. Ce soir-là, dans l’étincelant menu omakase (au bon goût du chef) : slurpissime huître dans une réduc’ vin jaune-échalotes en apnée sous un voile d’eau de mer ; langue d’oursin et caviar dynamités par une gelée de tosazu (vinaigre de riz au dashi) ; génial œuf de caille fumé sur une purée de taro… Puis les broches aux noms d’oiseaux : sasami (l’aiguillette) tartinée d’umeboshi (prune salée) et de shiso ; tebasaki (l’aile) bronzée sur peau ; mune (le suprême) couronné de cresson ; momo (la cuisse) piquée au poivre sancho ; tsukune (des boulettes) à trempouiller dans un jaune d’œuf confit au soja-mirin et aux baies de verveine ; et même, histoire de s’aventurer hors de la basse-cour, une saint-jacques frite avec de la crème de tofu à l’algue hijiki. Tout ça avant, pour la faim, une glace au lait posée sur des cubes de kaki et des haricots azuki rafraîchis au yuzu et à l’estragon. Le sacre de la poule houillée ! // Pica Bidon
POUR LA SOIF ? Une mine de boutanches cotées, la plupart tarifées au prix du diamant, comme ce rouge bourguignon de Philippe Charlopin (12 € le verre), ce montlouis blanc Clos du Breuil de Chidaine à 66 € la bouteille, ou ce saint-estèphe du Château Cos d’Estournel 2012 à 370 €. Et pour les japonistes strict·e·s, une procession de sakés (dont un ginjo bijofu importé de Kochi à 11 € les 10 cl), bière Kirin et thés verts.
LES PRIX : Bento 80-110 € (midi), menus 120 à 250 € (soir).
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